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Depuis janvier 2018, vous retrouvez chaque semaine, à la fin de votre lettre InfoFPJQ, sous la plume de journalistes et chroniqueurs bien connus, un point de vue ou une analyse sur l’actualité médiatique.

Les propos reproduits ici n’engagent que l’auteur. La FPJQ ne cautionne ni ne condamne ce qui est écrit dans ces textes d’opinion.

Une immense vague d'amour

Par Catherine Lafrance, directrice générale de la FPJQ

Normalement la fin du mois d'août, cette espèce d'entre-deux où les journées raccourcissent, les nuits rafraichissent et que l'actualité est encore un peu au ralenti, nous amène tout en douceur vers septembre et sa frénésie. Cette année, l'annonce du Groupe Capitales Médias, qui s'est placé sous la protection de la loi sur la faillite et l'insolvabilité, nous a catapultés hors de la farniente estivale assez brutalement, merci.

Dur réveil pour bien des gens qui réalisent que leur journal non seulement est au bord du gouffre, mais a déjà les deux pieds dans le vide. Personne, bien sûr, à moins d'avoir vécu ces dernières années la tête dans le sable, n’ignorait que les finances de plusieurs journaux étaient dans le rouge, mais de là à penser qu'ils pouvaient fermer, il y avait tout un pas, que la population vient de franchir. Tout à coup l'impensable est devenu possible.

La beauté de la chose, c'est que, depuis, une véritable vague d'amour a déferlé sur les quotidiens de GCM. Que ce soit à Québec, Ottawa-Gatineau, Trois-Rivières, Sherbrooke, Saguenay-Lac-St-Jean-Granby, les rédactions ont reçu des témoignages à la pelletée. Que disent les lecteurs ? Qu'ils tiennent à leurs journaux. Et ils le disent haut et fort. Mieux : ils se mobilisent. Des 5 à 7, des rencontres ont été organisées dans l'urgence, notamment par certaines sections régionales de la FPJQ et les citoyens y sont venus en grands nombres pour exprimer, parfois les larmes aux yeux, leur profond attachement à leurs journaux, qui, dans certains cas, sont de véritables institutions presque centenaires.

Le problème, c'est que cette vague d'amour, même si, c'est ce qui, très franchement, permet, en ce moment, aux artisans de l'information de continuer à faire leur travail malgré les circonstances et de le faire avec autant de passion, elle ne sera pas suffisante. Il faudra trouver de l'argent. Et vite.

La FPJQ a lancé cette semaine une campagne qui s'intitule : « Je soutiens mon journal ». Qu'est-ce que c'est? C'est un appel à soutenir financièrement les journaux. Il s'adresse aux lecteurs, cet appel, mais également à toutes les municipalités, aux gouvernements, qu'il soit provincial ou fédéral, aux entreprises privées, aux corporations, etc. Le message est simple : les municipalités et les gouvernements doivent recommencer à publier leurs avis dans les journaux, ce qu'ils ont peu à peu cessé de faire au cours des dernières années et les entreprises privées doivent recommencer à allouer une partie de leurs budgets à la publicité dans les journaux. Tout le monde doit faire sa part.

Elle sera visible, cette campagne, puisqu'en ce moment même, nous sommes à faire imprimer des autocollants, des macarons, bref tout ce qui permettra de l'afficher... et de s'afficher.

Il ne faut pas s'y tromper ; si ces journaux devaient fermer, les dommages collatéraux seraient nombreux. On n'a qu'à penser à la Presse canadienne qui se trouverait privée de sources de revenus importantes, pour ne prendre que cet exemple. En fait, nous commençons à peine à mesurer l'effet domino qu'auraient ces fermetures, mais ce que nous savons d'ores et déjà, c'est qu'à chaque fois qu'un hebdo ou un quotidien régional disparaît, c'est tout le Québec qui s'enfonce dans la noirceur.

Avec l'aide provinciale qui, bien que temporaire, permet d'éviter le pire et accorde un sursis à l'industrie, nous avons quatre mois devant nous pour trouver des solutions, collectivement. Des solutions qui redonneront à la presse écrite le deuxième souffle dont elle a besoin et qu'elle mérite. Elle doit pouvoir, non seulement fonctionner mais redevenir prospère, réembaucher des journalistes, elle qui a vu ses effectifs fondre comme neige au soleil ces dernières années, réinvestir dans ses contenus, qui ont subi, dans certains cas des cures d'amaigrissement forcées.

Est-ce trop demander, pour une société comme la nôtre, qu'elle se dote d'une presse écrite viable? Je ne pense pas.

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