Billets

Depuis janvier 2018, vous retrouvez chaque semaine, à la fin de votre lettre InfoFPJQ, sous la plume de journalistes et chroniqueurs bien connus, un point de vue ou une analyse sur l’actualité médiatique.

Les propos reproduits ici n’engagent que l’auteur. La FPJQ ne cautionne ni ne condamne ce qui est écrit dans ces textes d’opinion.

Get your facts straight

Par Martin Patriquin

In the moments after he allegedly drove a van into a crowd of pedestrians, killing 10 and injuring scores more, Alek Minassian became everything. He was a jihadist. He was an alt-right racist. He was a Christian. He was white. He was brown. He was a men’s rights advocate. He was a socially awkward computer geek. He killed for Allah. He killed to strike a blow against Toronto’s multicultural reality. He killed as a result of the disparaging words of Canadian columnists. He did what he did because no woman would have sex with him.

Breaking news, the act of informing the public of facts during fast-moving events, is a critical part of information gathering. In the age of social media, it has become less about getting facts correct than assigning blame.

*La version française suit.

Instantaneous and ubiquitous, social media would seem to be an ideal tool for breaking news. Yet in these blinkered times, when ideological wars are waged from behind keyboards, it has instead become a tool to bolster a series of competing narratives. In this sense Minassian isn’t just simply an (alleged) perpetrator, whose thoughts, demons and motivations are unknown; he is an ideological cypher driven by a single catalyst. The nature of this catalyst changes depending on the aggrieved group.

It is both tempting and wishful to believe that the social media noise will dissipate once facts come to light. In fact, if recent cases are any indication, this noise will hover around the case of Minnisian, hardening into conspiracy. We saw it in the case of Alex Bissonnette, who killed six and injured 19 in 2017.

Despite having pleaded guilty to the crime—and despite the mountain of evidence that he was indeed the killer—there remains a significant minority of people who still believe he wasn’t responsible. What about the second shooter? (A theory dispelled in the days after the shooting.) What about how Bissonnette was angered after being jilted by a lover at the mosque? (A preposterous rumour also dispelled in the wake of the tragedy.) What about the “fact” that the mosque members themselves perpetuated the shooting in order to gain sympathy?

All these lies germinated on social media in the minutes and hours after the shooting—and they remain gospel for those who by dint of their ideology simply can’t believe the awful truth. Social media should be an effective tool in the disseminating of information. Too often, though, it is leading us to the Tower of Babel.

 

Martin Patriquin is a freelance writer for The New York Times, The Walrus, Maclean’s, and The Globe and Mail.

 

La version des faits

Par Martin Patriquin

Quelques minutes à peine après qu’il a présumément foncé dans une foule, tuant 10 personnes et en blessant plusieurs autres, Alek Minassian s’est vu attribuer à peu près toutes les personnalités et toutes les causes. Il était tout à coup un djihadiste. Il était un suprématiste blanc. Il était chrétien. Il était blanc. Il était basané. Il était masculiniste. Il était un geek informatique. Il tuait pour Allah. Il tuait pour protester contre la réalité multiculturelle de Toronto. Il tuait, influencé par les columnists canadiens. Il a fait ce qu’il a fait parce qu’aucune femme ne voulait avoir de relation sexuelle avec lui.

Bien informer le public, quand les événements se bousculent, est un exercice périlleux. À l’ère des médias sociaux, les nouvelles de dernière heure sont devenues davantage l’occasion de trouver à qui faire porter le blâme, que de tenter de faire la cueillette d’information.

Instantanés et omniprésents, les médias sociaux pourraient sembler être l’outil idéal pour ce genre de nouvelle. Pourtant, en ces temps où domine une certaine pensée étroite et où les guerres idéologiques sont menées depuis les claviers d’ordinateur, les médias sociaux sont plutôt devenus l’endroit où on retrouve des séries de versions contradictoires des événements.

En ce sens, Minassian n’est pas seulement un présumé tueur, aux pensées, aux démons intérieurs et aux motivations inconnus ; il est l’emblème d’une idéologie, motivé par un catalyseur unique. Et la nature de ce catalyseur varie selon le groupe qui en parle.

C’est à la fois tentant et illusoire de croire que les rumeurs véhiculées sur les médias sociaux vont se dissiper quand les faits seront connus. En fait, si on se fie aux derniers cas, elles vont s’amplifier jusqu’à devenir conspiration. On l’a vu avec le cas d’Alex Bissonnette, qui a tué six personnes et en a blessé 19 autres, en 2017.

Même s’il a plaidé coupable pour ce crime et malgré la montagne de preuves, il y a toujours une minorité significative de personnes qui croient encore qu’il n’était pas responsable. Et s’il y avait eu un deuxième tireur (une théorie qui est apparue dans les jours qui ont suivi la fusillade) ? Et si Bissonnette était en colère, après avoir été largué par son amant à la mosquée (une autre rumeur persistante qui a couru dans la foulée de la tragédie) ? Et si les membres de la mosquée avaient eux-mêmes orchestré la tuerie, pour gagner la sympathie de la population ?

Tous ces mensonges ont germé dans les médias sociaux au cours des minutes et des heures qui ont suivi la fusillade. Et ils restent des doctrines valables pour tous ceux qui, au nom de leur idéologie, ne peuvent tout simplement pas croire l’affreuse vérité. Les médias sociaux devraient être un outil efficace pour répandre l’information. Trop souvent, cependant, ce vers quoi ils nous dirigent, c’est la Tour de Babel.

Les propos reproduits ici n’engagent que l’auteur. La FPJQ ne cautionne ni ne condamne ce qui est écrit dans ces textes d’opinion.

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