Billets

Depuis janvier 2018, vous retrouvez chaque semaine, à la fin de votre lettre InfoFPJQ, sous la plume de journalistes et chroniqueurs bien connus, un point de vue ou une analyse sur l’actualité médiatique.

Les propos reproduits ici n’engagent que l’auteur. La FPJQ ne cautionne ni ne condamne ce qui est écrit dans ces textes d’opinion.

À hauteur de citoyenne

Par Josée Legault

Permettez-moi, exceptionnellement, un billet un tantinet plus personnel. La première campagne électorale que j’ai eu le bonheur de couvrir et d’analyser a été celle de l’automne 1994.

Jeune, pimpante, fraîchement sortie de mes études supérieures en histoire et en science politique, de même que de la publication de mon premier livre, je me suis vue catapultée « chroniqueuse politique invitée » au quotidien The Gazette.

J’ai donc eu le privilège de suivre une campagne cruciale pour l’avenir du Québec et du Canada. Après l’échec des accords constitutionnels du lac Meech et de Charlottetown, le scrutin du 12 septembre 1994 opposait le Parti québécois de Jacques Parizeau au Parti libéral du Québec de Daniel Johnson fils.

L’enjeu était existentiel. Si le PQ l’emportait, son gouvernement s’était engagé formellement à tenir, le plus rapidement possible, un référendum sur la souveraineté du Québec – le deuxième après celui du 20 mai 1980. Fidèle à ses habitudes, M. Parizeau a tenu parole.

Depuis l’année 1994, en passant par la suite du quotidien Le Devoir jusqu’au Journal de Montréal et au Journal de Québec, j’ai couvert toutes les campagnes électorales, québécoises et fédérales. Y compris, bien entendu, la campagne référendaire de 1995. Cette longue expérience m’a offert le privilège de pouvoir observer les progrès, mais aussi les régressions, du Québec moderne.

Aujourd’hui, plongée à nouveau en pleine campagne électorale où le parfum du « changement » se fait fortement sentir au sein même de l’électorat, je sens de plus en moi cette espèce d’inévitable dualité qui, sans le moindre doute, habite aussi de nombreux journalistes et chroniqueurs.

Cette dualité est celle du citoyen et de la citoyenne, membres de la Cité, mais aussi doublés d’une profession faisant en même temps de nous des observateurs et des analystes de cette même Cité.

Ce faisant, on se sent en quelque sorte en symbiose avec la Cité tout en la survolant de l’extérieur, tel un drone, pour tenter de mieux la saisir et de mieux la comprendre dans son ensemble.

En cela, les chroniqueurs politiques de profession, dont je suis, ont également l’immense chance – laquelle est aussi une lourde responsabilité – d’être un peu les deux à la fois : analystes et citoyens.

Nous sommes des analystes politiques avant tout, car notre profession nous permet en effet, lorsqu’on le juge nécessaire, de prendre position sur certains

enjeux de société. Parfois même, en partant de nos propres expériences de vie. Ce qui, j’en suis de plus en plus persuadée, ne fait que renforcer la crédibilité de nos observations et aussi celle des questions qui doivent être posées à la classe politique.

Pour ma part, étant proche aidante de ma sœur déficiente intellectuelle, creuser cette même problématique de la proche aidance – y compris l’absence navrante de politiques publiques sérieuses concernant dans les faits plus d’un million et demi de Québécois, dont une majorité de femmes – fait aussi partie de ma dualité d’analyste et de citoyenne.

Dans cette optique, on pourrait dire que, dans notre belle profession de chroniqueur politique, tous médias confondus, nos réflexions se situent également à hauteur de citoyen. Ou, du moins, sans prendre parti de manière partisane, celles-ci devraient l’être. Et ce, tout autant avant que pendant et après les campagnes électorales.

 

Josée Legault est politologue de formation. Elle a été la lauréate du prix Reconnaissance 2015 de la Faculté de science politique et de droit de l’UQAM. Elle est journaliste et chroniqueuse politique au Journal de Montréal et au Journal de Québec, où elle signe aussi un blogue d’analyse. Elle est également auteure, conférencière et proche aidante. On peut la voir et l’entendre régulièrement dans les médias électroniques.

Les propos reproduits ici n’engagent que l’auteure. La FPJQ ne cautionne ni ne condamne ce qui est écrit dans ces textes d’opinion.

 

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